<p>Extrait:... .</p> <p>Quelle table ? C’est chez les Montfeuilly qu’elle se trouve ; c’est une grande, une vilaine table. C’est Pierre Bonnin, le menuisier de leur village, qui l’a faite, il y a tant?t vingt ans. Il l’a faite avec un vieux merisier de leur jardin. Elle est longue, elle est ovale, il y a place pour beaucoup de monde. Elle a des pieds ? mourir de rire ; des pieds qui ne pouvaient sortir que du cerveau de Pierre Bonnin, grand inventeur de formes incommodes et inusit?es.</p> <p>Enfin c est une table qui ne paie pas de mine, mais c’est une solide, une fid?le, une honn?te table, elle n’a jamais voulu tourner ; elle ne parle pas, elle n’?crit pas, elle n ’en pense peut-?tre pas moins, mais elle ne fait pas conna?tre de quel esprit elle est poss?d?e : elle cache ses opinions.</p> <p>Si c’est un ?tre, c’est un ?tre passif, une b?te de somme. Elle a pr?t? son dos patient ? tant de choses) ?critures folles ou ing?nieuses, dessins charmants ou caricatures ?chevel?es, peinture ? l’aquarelle ou ? la colle, maquettes de tout genre, ?tudes de fleurs d’apr?s nature, ? la lampe, croquis de chic ou souvenirs de la promenade du matin, pr?parations entomologiques, cartonnage, copie de musique, prose ?pistolaire de l’un, vers burlesques de l’autre, amas de laines et de soies de toutes couleurs pour la broderie, appliques de d?cors pour un th??tre de marionnettes, costumes ad hoc, parties d’?checs ou de piquet, que sais-je ? tout ce que l’on peut faire ? la campagne, en famille, ? travers la causerie, durant les longues veill?es de l’automne et de l’hiver.</p> <p><strong>ESSAI SUR LE DRAME FANTASTIQUE GOETHE ? BYRON ? MICKIEWICZ</strong></p> <p>Le vrai nom qui conviendrait ? ces productions ?tranges et audacieuses, n?es d’un si?cle d’examen philosophique, et auxquelles rien dans le pass? ne peut ?tre compar?, serait celui du drame m?taphysique. Parmi plusieurs essais plus ou moins remarquables, trois se placent au premier rang : Faust, que G?the intitule trag?die, Manfred, que Byron nomme po?me dramatique, et la troisi?me partie des Dziady, que Mickiewicz d?signe plus l?g?rement sous le titre d’acte.</p> <p>Ces trois ouvrages sont, j’ose le dire, fort peu connus en France. Faust n’est bien compris que de ce qu’on appelle l’aristocratie des intelligences ; Manfred n’a gu?re contribu?, m?me en Angleterre, ? la gloire de Byron, quoique ce soit peut-?tre le plus magnifique ?lan de son g?nie. Jet? comme compl?ment dans le recueil de ses ?uvres, s’il a ?t? lu, il a ?t? d?clar? inf?rieur au Corsaire, au Giaour, ? Childe-Harold, qui n’en sont pourtant que des reflets arrang?s ? la taille de lecteurs plus vulgaires, ou des essais encore incomplets dans la pens?e du po?te. Quant ? cet acte des Dziady, d’Adam Mickiewicz, je crois pouvoir affirmer qu’il n’a pas eu cent lecteurs fran?ais, et je sais de belles intelligences qui n’ont pas pu ou qui n’ont pas voulu le comprendre.</p> <p><strong>EUG?NE FROMENTIN</strong></p> <p><strong>UN ?T? DANS LE SAHARA</strong></p> <p>Au mois de mai 1853, un jeune peintre faisait, pour la seconde ou troisi?me fois, un voyage en Afrique, et il ?crivait ? un de ses amis :</p> <p>≪ Tu dois conna?tre, dans l’?uvre de Rembrandt, une petite eau-forte, de facture hach?e, imp?tueuse, et d’une couleur incomparable, comme toutes les fantaisies de ce g?nie singulier, moiti? nocturne, moiti? rayonnant, qui semble n’avoir connu la lumi?re qu’? l’?tat douteux de cr?puscule o? ? l’?tat violent d’?clairs. La composition est fort simple : ce sont trois arbres h?riss?s, bourrus de forme et de feuillage ; ? gauche, une plaine ? perte de vue, un grand ciel o? descend une immense nu?e d’orage, et, dans la plaine, deux imperceptibles voyageurs, qui cheminent en h?te et fuient, le dos au vent. Il y a l? toutes les transes de la vie de voyage, plus un c?t? myst?rieux et path?tique qui m’a toujours fortement pr?occup? ; parfois m?me il m’est arriv? d’y voir comme une signification qui me serait personnelle. C’est ? la pluie que j’ai d? de conna?tre, une premi?re fois, le pays du perp?tuel ?t? ; c’est en la fuyant ?perdument qu’enfin j’ai rencontr? le soleil sans brume ≪</p> <p>≪ Je crois avoir un but bien d?fini. Si je l’atteignais jamais, il s’expliquerait de lui-m?me ; si je ne dois pas l’atteindre, ? quoi bon te l’exposer ici ?</p>画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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